Dans les formations de plongée, un moniteur doit finalement enseigner d’une part la technique et d’autre part préparer physiquement les futurs brevetés. En ce qui concerne la partie technique, je crois qu’il n’y a pas de véritables soucis puisque d’autres personnes ont travaillé et continuent de travailler sur le manuel de formation technique. Le problème, me semble-t-il émane plûtot de la préparation physique. Alors bien sur, l’intensité de cette préparation dépend des niveaux préparés. Néanmoins, la même question peut être posée à tous les niveaux : comment mettre en place une progression dans l’entrainement physique ?

Un des problèmes majeur rencontré dans l’entrainement physique est d’apprécier le niveau de fatigue atteint par un sujet à l’issue d’une séance d’entrainement. Une charge physique bien dosée provoquera des adaptations de la part de l’organisme qui conduiront à une amélioration de la performance sportive.

Souvent nous entendons ici et là qu’il faudrait évaluer la fréquence cardiaque et le VO2max. Ces deux grandeurs ne sont pas forcément accessibles pour un moniteur de plongée. Nous ne disposons pas forcément du matériel immergeable nécessaire. Alors sur quoi pouvons-nous nous baser ?

Le seul point d’entrée dont nous disposons assez facilement est la perception de l’effort qu’ont les élèves. La perception de l’effort est un concept introduit à la fin des années 1950, par l’intermédiaire de méthodes mesurant la fatigue locale ou encore l’essoufflement. Cette mesure psychophysiologique, mise en avant par Borg [1] se définit par les sentiments d’effort, de contrainte, d’inconfort et de fatigue, qu’un individu éprouve durant un exercice. La perception de l’effort englobe l’ensemble des signaux sensoriels en provenance des muscles, mais aussi des systèmes cardiovasculaire et pulmonaire.

De nombreuses échelles de perception de l’effort ont été créées mais la plus utilisée dans le monde est l’échelle Rating Scale of Perceived Exertion (RPE) de Borg [2] ou échelle de Borg. Cette échelle, qui permet l’évaluation de l’effort perçu (i.e., la pénibilité de la tâche ou encore la dureté du travail), est constituée de 15 échelons, compris entre 6 et 20, associés à des informations verbales permettant la description subjective de la pénibilité de l’effort. Le tableau ci-dessous donne cette échelle de perception.

Les valeurs numériques des échelons ont été choisies afin de pouvoir estimer les fréquences cardiaques (FC) d’un homme d’âge moyen, sédentaire et en bonne santé, lors d’un exercice progressif d’intensité modérée à dure, sur bicyclette ergométrique ou sur tapis roulant (RPE×10 = FC) [3]. Ainsi, les nombres 6 et 20 ont été choisis respectivement comme points de départ et d’arrivée, car ces cotations multipliées par 10, sont censées représenter la fréquence cardiaque de repos (FCrepos : 60 bpm) et la fréquence cardiaque maximale théorique (FCmax : 200 bpm) d’un jeune adulte sain et sédentaire [3].

Notons que le VO2max varie linéairement avec la perception de l’effort [4].

Cette échelle, uniquement valable chez l’adulte, offre donc aux moniteurs, en dehors de toute instrumentation technique, la possibilité de contrôler non seulement l’intensité de l’ activité physique mais également l’état de fatigue musculaire des élèves. Ainsi, il peut doser ses charges d’entrainement physique afin d’éviter une fatigue excessive qui pourrait conduire à une perturbation trop marquée de l’homéostasie.

Bibliographie

[1] Borg G, Dahlstrom H. A case study of perceived exertion during a work test. Acta Societatis Medicorum Upsaliensis 1962 ;67:91–3.

[2] BorgG. Perceived exertion as an indicator of somatic stress. Scand J Rehabil Med 1970 ;2:92–8.

[3] Borg G. The Borg RPE scale. In : Borg G, editor. Borg’s perceived exertion and pain scales. Champaign, USA : Human Kinetics ; 1998. p. 29–37.

[4] Coquart JBJ, et al. Perception de l’effort chez l’enfant et l’adolescent : : mesure et intérêts. Science & Sports (2008), doi:10.1016/j.scispo.2008.07.006